Bienvenue à Fatoucouya

Le territoire de Fatoucouya au Sénégal tire ses origines de la rivière Couya où la reine Fatou avait pris ses habitudes de venir se reposer sous son Baobab préféré pour quitter le tumulte de la jeune ville de Dakar. Cette figure emblématique du Sénégal a donné naissance au Village de Fatoucouya à la fin du 19ème siècle. Si elle est devenue « reine » aux yeux des villageois, cela reste un titre honorifique car elle n'avait ni couronne ni château, mais était respectée pour sa clairvoyance et ses dons de guérisseuse.

Aujourd'hui, Fatoucouya a nettement grossi. D'un petit village d'à peine 100 habitants en 1902, est née une ville importante de 68000 habitants, avec un rôle de chef-lieu. Le Département de Fatoucouya compte d'ailleurs 280 000 habitants en 2020. Cette forte croissance démographique s'explique par l'arrivée du chemin de fer en 1907 et la présence d'activités agricoles, puis industrielles.

Abords de la gare de Fatoucouya en 1908 (Montage selon une photo de François-Edmond Fortier (1862-1928))

Le secteur agriculture pêche est un secteur économique important. Il contribue à 14 % du PIB départemental et occupe 40% environ de la population active. Malgré cela, un tiers des ruraux du département, en général de très petits paysans pratiquant une agriculture de subsistance, vivent sous le seuil de pauvreté. La culture de l'arachide reste importante mais l'évolution du climat et la baisse de fertilité des sols affectent les rendements à l'hectare. Proche de la rivière Couya, se sont développées de petites exploitations rizières qui bénéficient du label Riz de Couya octroyé par le Ministère de l'agriculture. Sa réputation est excellente du fait de la qualité de l'eau. La proximité de l'eau a permis également de produire des mangues, notamment pour les marchés à l'export. À la pointe du département se trouve le port de pêche de Sengal qui est spécialisé dans les crustacés et la pêche au merlu. La Société des infrastructures et de réparation navale (SIRN) y a installé un atelier pour moderniser les pirogues traditionnelles. L'élevage est peu développé mis à part la société Lecoq qui vient d'installer une ferme d'élevage de 1000 poulets dans un espace sécurisé comportant des bâtiments et un accès à l'extérieur.

(c) AFD, image fournie à titre d'illustration

La nécessité de produire localement des produits agroalimentaires et de les distribuer a donné naissance à un petit tissu d'entreprises locales spécialisées dans le conditionnement de spécialités à base d'arachides, de mangues (jus et confitures), de poisson ou de poulet. Des sous-traitants spécialisés dans l'emballage et la logistique commencent à s'installer. Ces entreprises restent de petite taille et ont une mauvaise connaissance des marchés à l'export. La présence de services publics est un atout de la ville de Fatoucouya, de nombreux habitants y viennent pour leurs formalités administratives, aller à la poste ou à la banque. La présence d'écoles et de commerces traditionnels est également un plus. En revanche, le supermarché s'est installé en périphérie de la ville proche de la route nationale.

En dehors de la ville de Fatoucouya, un parc industriel et technologique (Zone Economique Spéciale) a été créé par le Ministère de l'Aménagement du territoire pour accueillir des entreprises internationales qui souhaitent s'installer en dehors de la région de Dakar. Ce parc jouxte le Datacenter de TELECOMSENEGAL, lui-même connecté par fibre optique à l'Africa Coast to Europe (ACE), câble sous-marin de 17 000 kilomètres de longueur, desservant l’Afrique de l’ouest et appartenant à un consortium de 20 opérateurs dont Sonatel-Orange. Une première entreprise s'y est installée, un centre de traitement de données pour le gouvernement employant 50 salariés.

Travaux de viabilisation de la ZES, Image fournie à titre d'illustration (Source : V. Gollain, 2021)

Outre la célèbre rivière Couya et le site de la Reine "Fatou" et ses 12 Baobabs, non loin de là se trouve l'un des trésors sénégalais : la réserve de 300 hectares de l'embouchure de la Couya. Véritable réserve de biodiversité et lieu de passage de nombreuses espèces d'oiseaux migrateurs. Un parcours aménagé avec le concours de l'équipe de la Baie de Somme en France a permis de protéger le site tout en y développant les bases d'activités touristiques respectueuses de l'environnement : visites à pied avec guides assermentés, observations de nuit des animaux, éco-lodges (10 et une salle de restauration commune), circuits en véhicules électriques (une première au Sénégal grâce au soutien de l'ONU), formation à la protection de la nature, restauration. Ce projet vient de s'achever, la fréquentation reste donc assez limitée. Il faut dire qu'il faut au minimum 4 heures de route de l'aéroport international de Dakar pour y parvenir.

Cormorans dans le réserve de l'embouchure de la Couya, image d'illustration (Ji-Elle, Wikipédia)

Le village artisanal de Foutya a été créé en 2014 pour accueillir des d'artisans qui étaient dispersés avant cela dans plusieurs villages. Proche du site des 3 cornes de gazelles de pierre, monuments de 10 mètres de hauteur façonnés par les anciens dans de la roche dolérite. Aujourd'hui, une cinquantaine d'artisans sont installés dans le village et proposent des peintures, sculptures, confitures, vêtements traditionnels, bijoux, objets en cuir... Parmi eux, l'artiste-peintre Omar Keita, commence à connaître une réputation internationale et donne ainsi de la visibilité au village artisanal et au site des 3 cornes de gazelles.

Image fournie à titre d'illustration (Source : Internet)